Harrie Lavreysen, l’ogre jamais rassasié des vélodromes

Avec trois titres olympiques conquis à Paris, cinq au total, Harrie Lavreysen en a-t-il fait assez pour être importuné au supermarché ? Le grand Néerlandais, qui a survolé les épreuves olympiques de cyclisme sur piste à Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines), restait bien moins célèbre dans son pays jusqu’aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 que son homologue de route, Mathieu Van der Poel. « Mon village de naissance est peut-être le seul endroit où les gens m’arrêtent dans la rue et me reconnaissent », disait-il avant les JO, évoquant le bourg de Luyksgestel, dans le Brabant-Septentrional. A Paris, pendant que Mathieu Van der Poel, par manque de finesse tactique, passait à côté de sa course olympique, Harrie Lavreysen ravageait tout sur le vélodrome. Il est l’homme pour lequel se déplaçait chaque jour une colonie néerlandaise, parsemant les gradins de grosses taches orange.
Vitesse par équipes : or et record du monde. Vitesse individuelle : or, aucune défaite dans le tournoi. Keirin, cette course à six théoriquement plus ouverte : or, avec deux longueurs d’avance en finale, dimanche 11 août. Avec cinq médailles d’or et une de bronze en deux éditions des JO, il devance désormais la nageuse Inge de Bruijn, la cycliste Leontien van Moorsel et le patineur Sven Kramer au panthéon des olympiens Oranje.
« Il est à la poursuite du titre de meilleur sprinteur de tous les temps, mais aussi du plus grand olympien néerlandais de l’histoire », déclarait son entraîneur, le Britannique Mehdi Kordi, après sa victoire en vitesse. S’inquiétant à peine : « Avec le temps, il va manquer d’objectifs à battre ! »
Il a une patineuse de vitesse – autre spécialité nationale – dans son viseur : Ireen Wüst compte six médailles d’or sur cinq JO, entre 2006 et 2022. Sur la piste, Jason Kenny, le spécialiste britannique de la vitesse, est à deux longueurs, avec sept titres olympiques. Une bonne raison d’aller jusqu’à Los Angeles en 2028, au moins. « S’il veut aller [jusque-là], je suis vraiment désolé pour le reste du monde », affirme, en riant, Mehdi Kordi. Hélas pour la concurrence australienne et britannique, Harrie Lavreysen a confirmé qu’il en avait bien l’intention. Après tout, il n’a que 27 ans, et pratique la piste depuis neuf ans seulement.
Harrie Lavreysen a commencé le vélo par le BMX, comme beaucoup de compatriotes. Victime d’une « double luxation de l’épaule » à l’âge de 18 ans, et sur recommandation de son médecin, il change de discipline pour rejoindre ses « amis du vélodrome », aux côtés desquels il s’entraîne au centre national des sports de Papendal, dans l’est des Pays-Bas. Très vite, il brille dans les catégories juniors et espoirs – à l’époque, son rival est le Français Sébastien Vigier. Depuis, leurs trajectoires se sont nettement croisées.
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